Le théâtre comme outils d'inclusion

© Margaux-Lola Auroux, juillet 2019

Retours sur la formation :

Inscrite dans une formation universitaire nous amenant à questionner le social par l’art, le stage a été pour moi la confirmation d’une intuition et d’un souhait personnel de m’inscrire dans une voie où l’art aurait une utilité politique et sociale.

Je m’intéresse depuis seulement une année à l’intérêt du théâtre comme outils d’inclusion. Une inclusion que je voyais avant tout comme politique dans une perspective où le théâtre, support de paroles, pourrait permettre un espace d’expression des personnes et minorités isolées socialement. Je voyais le théâtre alors comme un possible outils d’empowerement avec cette idée que le spectacle en serait le plaidoyer.

Alors que je songeais à l’impact collectif du théâtre, cette formation m’a avant tout confiée l’intérêt sur le plan individuel. Ayant eu une position quelque peu parallèle au groupe du fait de mon rôle d’observatrice, mon attention s’est portée fortement sur deux choses :
- la posture de Gérard comme pédagogue
- l’impact de la formation chez les participants.

Concernant la posture de Gérard, formateur dans le contexte du stage, j’ai été stupéfaite de voir la qualité de son écoute et de son accompagnement. Le premier jour, alors que nous en sommes à la présentation de chacun Gérard soumet aux participants des thèmes à traiter lors des ateliers qu’ils vont devoir construire pendant la semaine. A peine les avait il entendu qu’il les orientait finement dans un travail répondant aux recherches de chacun.

Puis, lors des ateliers, il intervient sur leurs propositions. Voyant l’impact des retours de Gérard chez les personnes, il m’apparaît alors que le théâtre même dans un espace de formation comme celui du stage s’impose comme transformateur positif de développement personnel. Les remarques de Gérard pourtant dirigées sur les techniques d’animation comme par exemple la façon d’énoncer des règles d’un exercice, résonnent chez les
personnes comme des remarques sur eux mêmes.

Lors des bilans journaliers, tous relèvent l’impact des retours du formateur. Certains disent s’être découverts, d’autres affirment s’être dépassés, d’aucun ne ressort à l’identique et quand l’un des participants exprime vivre chez lui un changement lié à la formation dessinant une nouvelle temporalité (“avant stage”/ “après stage”), tous manifestent leur accord.

Nous ne sommes pourtant pas dans un processus de création et n’allons pas monter sur scène, cependant le théâtre s’immisce chez chacun par les paroles de Gérard. Au travers de ses retours, des exercices proposés par le groupe, des moments d’échanges, la bienveillance permanente des uns et des autres enrobe chacune des personnes et les amène à proposer des ateliers avec des qualités nouvelles à chaque fois. Ce qui me marquera quotidiennement durant ce stage c’est donc la justesse des propos de Gérard. Chaque parole a son intérêt, chaque parole a son influence. Je perçois alors le parallèle entre sa posture de pédagogue et celle de metteur en scène.
Les compétences premières du metteur en scène me semblent être celles d’un pédagogue, l’écoute de ce qui se présente et la transmission/direction ajustée en conséquence. Ce sont des compétences en fait intimement liées, selon moi, à une volonté d’inclusion de chacun. En outre, lors de cette semaine, par l’intermédiaire des ateliers thématiques, je me confronte à la densité du théâtre et de son apprentissage. Il existe énormément d’approches et de champs d’exercices. Pour autant, il existe dans cette diversité une posture de transmission idéale qui est celle de la présence. ll faut, à tout moment, être à l’écoute du groupe tout autant qu’être à l’écoute de soi même.

Je comprends alors qu’il me faudra apprendre encore beaucoup mais surtout qu’il me faudra apprendre en faisant.

Et c’est tout l’enjeu de la formation qui est basée essentiellement sur l’expérimentation directe. Dès le début, les participants sont amenés à proposer et à animer. Cette mise en pratique me semble très pertinente en cela qu’elle permet aux personnes qui souhaitent mettre en place des ateliers théâtre dans leur structure d’une part d’améliorer leurs compétences en tant qu’animateur et d’autre part d’éprouver sensiblement l’impact du théâtre. En effet, en alternant entre animateur et participant, les personnes sont amenées à réfléchir de manière critique à leurs pratiques mais aussi aux effets que ces pratiques peuvent avoir sur le public qui les apprend.

Cette formation, en plus de m’avoir fournie un inventaire d’exercices conséquent, m’a surtout permise d’appréhender la posture de celui qui transmet. J’y ai également perçu la responsabilité sociale liée à cette posture auprès des personnes apprenantes. Ainsi, je me rends compte de l’impact social du théâtre à un autre niveau ; celui des relations humaines. Le théâtre semble accueillir un condensé d’expériences humaines dans la création, la fabulation, la représentation mais aussi dans la relation à l’autre.

L’importance de croire en l’autre comme une personne potentielle aux changements.
Enfin, ce stage a aussi renforcé mon envie de saisir davantage la pratique théâtrale dans la création et dans la transmission. A présent, je souhaite continuer à me former par la pratique artistique du théâtre et du clown mais aussi de mettre en place des ateliers dans différents milieux. Mon envie initiale d’utiliser le théâtre comme moyen d’inclusion sociale perdure. Par ailleurs, en relation avec mon intérêt pour les sciences sociales, j’aimerais inscrire cette pratique dans des projets de théâtre documentaire et socio-anthropologique. En effet,
j’imagine dans le processus d’écriture d’une pièce un espace intéressant pour renseigner le réel et, à envie, le détourner. Je suis actuellement en service civique dans une association qui a pour but premier de changer le regard sur les personnes sans domicile.

Je me demande dans quelle mesure le théâtre pourrait il répondre à cet objectif et permettre aux personnes d’être propriétaires de leur image sociale et de s’exprimer en tant qu’expertes de leur milieu.

Là où le théâtre s’ouvre aux non-acteurs, j’aimerais que la connaissance scientifique s’ouvre aux non-spécialistes.

Je remercie Gérard Gallego de m’avoir permise de participer à ce stage. Je n’ai de connaissance du théâtre que les quelques années d’apprentissage amateur et des créations individuelles et collectives d’infime ampleur. J’espère pouvoir rester proche de l’association Théâtre Instant Présent et envisager peut-être un projet commun que ce soit en tant qu’assistante, chercheur ou metteuse en scène qui sait.

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